Collectif pour la préservation du site archéologique du Cailar, le 28 novembre 2019.
Un projet de construction de lotissement au Cailar, en Camargue gardoise, menace le patrimoine communal, en particulier un site archéologique de notoriété internationale. Un collectif de citoyens vient de lancer une pétition pour appeler les élus locaux ainsi que les ministres de la culture et des territoires à valoriser ce patrimoine remarquable.
Depuis 2016, la commune du Cailar a pour projet de construire un lotissement résidentiel comprenant des logements sociaux sur un terrain proche du cimetière. Ce programme immobilier met pourtant en péril un site archéologique fouillé depuis près de 20 ans, témoin de dizaines de siècles d’occupation, du Premier âge du Fer à l’époque romaine, puis du Moyen Âge à nos jours. « Le premier projet de lotissement a dû être annulé, témoigne Réjane Roure, maître de conférences à l’université Paul Valéry Montpellier 3. Mais en dépit de la mobilisation des archéologues et de la population, la mairie en a autorisé un deuxième, alors même que le code de l’urbanisme prévoit la possibilité de préserver ce site archéologique remarquable. Un recours a été déposé contre ce nouveau permis. » Ophélie Laboury-Barthez, entrepreneure à l’origine de la mobilisation citoyenne avec Réjane Roure, ajoute que le site visé par ce projet immobilier est classé Natura 2000 et inscrit dans les zones de transition de la réserve de Biosphère de la Camargue. « Il est aussi proche de constructions architecturales reconnues et soutenues par la fondation du patrimoine… ».
Les auteures de la pétition, soutenues par la communauté scientifique, proposent un projet de « musée de la Camargue gardoise présentant l’évolution du paysage, les vestiges archéologiques et les traditions taurines (courses camarguaises) qui trouvent leur origine sur l’ancienne lagune qui permettait aux navires de débarquer leurs marchandises en provenance de toute la Méditerranée. »
Les découvertes archéologiques et géo-archéologiques menées au Cailar permettent d’affirmer que le site était un très important port lagunaire durant tout l’âge du Fer, précurseur d’Aigues-Mortes. Elles participent à l’histoire complexe du delta du Rhône. Ces recherches ont véritablement débuté en 1998 par la collecte d’un grand nombre de céramiques. Une opération archéologique en 2000, dans le cimetière du village, a permis d’observer une accumulation stratigraphique et un matériel céramique très importants. Réjane Roure a pris la direction des fouilles en 2002, mettant notamment en évidence l’existence d’un rempart en pierres datant du VIe siècle av. J.-C. — le plus ancien retrouvé dans le Gard — et fonctionnel jusqu’à l’époque romaine. En 2014, des prospections géophysiques réalisées entre le cimetière et les arènes ont révélé une présence très dense de vestiges bâtis. Le diagnostic mené par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) en 2017 a confirmé la présence d’un habitat de type urbain très densément occupé pendant plus de neuf siècles de façon continue, avec également des vestiges médiévaux et modernes de grande qualité.
Pétition en ligne sur Change.org : http://bit.ly/petition-cailar-patrimoine